Entretien avec Olivier Bolliet

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Olivier BollietJ’ai eu l’honneur de rencontrer le grand (dans tous les sens du terme) Olivier Bolliet, qui a répondu à certaines de mes questions . Pour les rares personnes qui ne le connaissent pas, vous pouvez voir sa biographie sur son site .
Je vous partage donc notre entretien . Pour les besoins de l’article, j’ai condensé un peu notre discussion et j’ai retranscrit la discussion de manière plus “littéraire” . On ne parle pas comme ça en vrai 😉 .

Je vous passe le début de notre rencontre et vous amène directement aux différentes questions que j’ai pu lui poser:

Moi: Qu’as-tu  pratiqué comme sport dans ta jeunesse ?

Olivier: J’ai pratiqué l’athlétisme, j’étais lanceur de poids à haut niveau mais je me suis blessé ce qui à mis fin à ma carrière de haut niveau . C’est un peu de là que me vient ma passion pour la prévention des blessures .
Et en parallèle de mes études (Doctorat en science du sport), j’ai passé un  BE en athlétisme .
J’ai toujours aimé entraîner, et c’était pour moi une évidence de me lancer dans la préparation physique .
Maintenant, je continue à m’entretenir même si ce n’est pas toujours facile avec les déplacements . Mais c’est important pour moi.
J’ai toujours du mal à comprendre les étudiants qui ne s’entraînent pas . Je ne comprends pas comment on peut entraîner quelqu’un si on ne s’entraîne pas un minimum soi même . Alors bien sur, on n’est pas obligé d’être aussi musclé que mon ami Rudy Coïa, mais il faut un minimum de pratique . Aurélien Broussal disait une fois que la préparation physique est le seul diplôme que l’on peut avoir sans pratiquer . Effectivement, il est impossible d’avoir un BE en foot sans pratiquer le foot par exemple . Je pense donc qu’il est très important de s’entraîner physiquement, et de maîtriser un minimum ce qu’on va utiliser pour l’entrainement des athlètes, notamment l’haltérophilie . C’est d’ailleurs pourquoi je  fais, au mois d’avril, une journée de formation pratique “L’haltérophilie pour le préparateur physique”, car c’est évidemment différent de l’haltérophilie que l’on apprends pour la compétition ou pour le CrossFit .

Tout a fais d’accord, je pense aussi qu’il est très important de connaitre un minimum les efforts que l’on va donner à ses athlètes .
Pour revenir sur la prévention des blessures, toi qui est spécialiste dans ce domaine, quelle place cela occupe -t-il dans la préparation physique des athlètes ?

C’est difficile à quantifier et ça dépend vraiment des sports . Par exemple en natation, je faisais beaucoup de prévention à l’épaule, notamment avec Romain Sassot (voir cet article sur le blog de Christophe Carrio).
Actuellement en ski, je fais beaucoup de prévention pour les genoux, plus particulièrement pour les ligaments croisés . C’était également le cas en patinage (cf cet article sur gymsante) .
D’ailleurs, à propos de la prévention des blessures, Mikael Berthommier sort prochainement un livre aux éditions 4Trainer sur la réathlétisation du genou.

Et comment planifies-tu la prévention des blessures ?

C’est souvent intégré dans les séances, soit au début, soit à la fin . En ski, les athlètes s’entraînent beaucoup, donc il y a parfois des petites séquences dédiés à la prévention des blessures .

Et justement, quelle place occupe le développement des qualités physiques dans la préparation des athlètes ?

Encore une fois, ça dépend des sports . En ski, c’est particulier car le travail en hors saison, de mai à septembre, est totalement dédié au développement des qualités physiques. Les athlètes s’entraînent 2 fois par jour .  Après, quand la saison reprend, la part de la préparation physique diminue et se fait plus spécifique. On ne développe plus les qualités physiques mais on essaye de les conserver au maximum .
J’ai toujours travaillé dans des sports individuels,  en natation, en ski et en patinage. Dans les sports individuels, la préparation physique jour un rôle plus important que dans certains sports collectifs où les capacités techniques peuvent venir compenser un niveau de condition physique insuffisant . Par exemple au foot, un joueur peut avoir un niveau de force ou de VMA plutôt faible mais compenser grâce à un niveau technique et tactique élevé.

Dans les sports collectifs justement, le développement des qualités physiques se gère différemment je suppose pour gérer les matchs régulier  .

Je n’ai jamais travailler en sports collectifs, donc il faudrait plutôt demander à quelqu’un comme Fred Marcérou (si il me lit …) .Dans les sports avec lesquels j’ai travaillé, il y a des échéances précises et défini à l’avance donc on peut plus facilement gérer le développement des qualités physiques en fonction de ces échéances pour amener l’athlète au top de sa forme le jour de la compétition .
Dans les sports collectifs, c’est différents à causes des matchs, c’est pourquoi la préparation physique occupe un volume moins important . Mais il me semble que la préparation physique occupe une place plus importante dans les bons centres de formations, car le développement des qualités physiques comme la force est un processus très long .
Dans tous les cas, la préparation physique est toujours secondaire . Ce n’est pas un but en soi, comme en CrossFit par exemple, mais bien un moyen qui permet à l’athlète d’être meilleur dans son sport .

J’avais lu un article sur superphysique dans lequel tu disais utiliser la périodisation ondulatoire flexible avec tes athlètes et où tu disais avoir déjà renvoyé des athlètes chez eux par manque de forme. Comment gères-tu la récupération pour tes athlètes ?

J’ai toujours eu une approche qualitative de l’entrainement, et non quantitative . Je fais en sorte qu’il y ai une adaptation à l’entrainement, pour que l’athlète progresse mais s’il n’est vraiment pas en forme, je préfère le renvoyer chez lui pour éviter une blessure (cf les exemples de Yves Masson ou Isabelle Delobel dans l’article de superphysique) .
J’ai déjà utilisé la variabilité de la fréquence cardiaque pour gérer la forme des athlètes, c’est un outil très utile .

Et utilises-tu l’électrostimulation ?

Oui, pour la récupération, mais également en réathlétisation . Par contre, je ne l’utilise pas pour le développement des qualités physiques .

J’accorde une grande importance à l’alimentation et je pense que c’est un facteur important dans la préparation d’un athlète, comment est-elle gérer ? Est-ce que tu t’en occupe ?

Non je ne m’en occupe pas, si jamais elle est géré, comme c’est le cas pour mes athlètes en ski, c’est par une diététicienne . Mais très souvent, la nutrition n’est pas du tout géré, et c’est dommage .
Les athlètes ont souvent du mal à comprendre l’importance de la nutrition. Ce sont un peu comme des ferraris, ils ont des qualités physiques exceptionnelles donc ils ne comprennent pas toujours pourquoi ils devraient mieux manger. Pourquoi devraient-ils manger des brocolis alors qu’ils ont d’excellentes performances en mangeant des hamburgers ? La nutrition est toujours cachée, c’est un peu “l’entrainement invisible” . On ne peut pas vraiment leur prouver que ce sera bénéfique pour eux . Parfois, un athlète va se blesser, entre autre à cause d’une alimentation déséquilibré, mais comment lui prouver ?
Il y a encore de gros progrès à faire dans ce domaine .

Dans le master PPMR (Préparation Physique Mentale et Réathlétisation), il y a aussi préparation mentale . Est-ce pris en compte dans le sport de haut niveau ?

Effectivement, il y a les 3 casquettes dans ce master, et tu choisis ensuite vers quoi tu veux t’orienter en priorité . Mais la préparation mentale est très peu utilisé en France. Et si c’est la cas, ça ne sera jamais par le préparateur physique, il faut distinguer les différents rôles pour se concentrer sur une seule fonction .

C’est donc un domaine à développer également .
Dernière question Olivier, dans ta préparation physique, quelle place occupe les élastiques, les machines et les poids libres ?

J’utilise les élastiques principalement pour la prévention des blessures, par exemple pour l’épaule ou pour alléger des tractions par exemple . Ce n’est pas un outil que j’utilise beaucoup, mais pour en savoir plus, on peut se tourner vers sci-sport qui fait d’excellent dossiers,  dont un sur les élastiques.
Sinon, le travail aux machines n’est évidemment pas une priorité en préparation physique . Je ne connais aucun préparateur physique qui utilise principalement les machines . Néanmoins, ce type de travail ne doit pas être exclus et peut être très utile. Je pense notamment au leg curl, qui est très utile pour les ischio-jambiers et éviter les déséquilibres avec des quadriceps plus puissants .
Je pense que si 1/3 de la préparation ce fait sur machine, c’est correct .

Merci beaucoup pour toutes tes réponses, qu’as tu-as dire pour conclure ?

Que la préparation physique a beaucoup évolué . Il y a une dizaines d’années, il n’y avait aucunes informations disponible en français .
Puis des personnes ont fait avancer les choses, et des livres sont apparus .
Je pense notamment à Christophe Carrio qui a été l’un des premiers .
Mais il y a aussi eu Didier Reiss et Pacal Prévost avec La bible de la préparation physique.
Ou encore Frédéric Aubert.
Aurélien Broussal et moi-même avec nos livres co-écrits: Les tests de terrain et La préparation physique moderne, ainsi que les livres L’approche moderne du développement de la force ou la Prépa physique judo .
A cela, il faut rajouter tous les blogs qui se développent sur internet, et qui proposent de nombreuses informations gratuites de qualités . Ces mêmes personnes qui sont souvent critiqués quand ils vendent des produits, alors qu’ils offrent une quantité incroyable d’informations gratuitement. C’est probablement un fait de notre société moderne, où tout le monde voudraient tout sans payer, mais ses auteurs méritent une reconnaissance .
Et je pense que tu pourras les lister dans ton article (tout a fait d’accord, et je vais même rajouter un lien vers tous ces excellents blogs):
Fred Marcérou
Xavier Barbier
Vincent Issartel
Sebastien Bême
Rudy Coïa qui fait intervenir sur superphysique d’excellent auteurs comme Alexandre Reither ou Gabriel Zakovic
Christophe Carrio
Pierre Debraux et Aneliya V Manolova de Sci-sport
Aurélien Broussal
Et maintenant, toi-même . C’est vraiment bien que les jeunes prennent la relève et montre qu’il n’y a pas que les “vieux” qui ont des choses à partager . J’espère que la préparation physique va continuer de se développer .

 

J’espère que cet article vous a plus et je remercie encore Olivier Bolliet de m’avoir reçus à Optimal Perf. Au passage, j’ai pu découvrir cette salle qui est très bien équipé, notamment avec du matériel ATLANTIS . N’hésiter pas si vous êtes du coin 😉 .
Enfin, je ne peux que partager l’avis d’Olivier sur sa conclusion et j’en profite donc pour remercier tous les auteurs cités, car je les lis tous avec attention 🙂 .

 

 

Une réflexion au sujet de « Entretien avec Olivier Bolliet »

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